Latrine traditionnelle
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La latrine traditionnelle est l'une des technologies d’assainissement les plus largement utilisées. Les excréta et les matériaux de nettoyage anal (eau oumatières solides) sont déposés dans une fosse. Maçonner la fosse l'empêche de s'effondrer et fournit un appui à la superstructure.
Pendant que la latrine traditionnelle se remplit, deux processus limitent le taux d'accumulation : la lixiviation et la dégradation. L'urine et l'eau de nettoyage anal s’infiltrent dans le sol par le fond de la fosse et du mur tandis que l'action microbienne dégrade une partie de la fraction organique. En moyenne, le taux d’accumulation des solides va de 40 à 60 litres par personne/an et jusqu'à 90 litres par personne /an si des matériaux de nettoyage tels que des feuilles, des journaux, et du papier de toilette sont utilisés. La fosse devrait être conçue pour contenir au moins 1.000 litres. Idéalement, la fosse doit avoir une profondeur de 3m pour au moins 1m de diamètre. Si le diamètre de la fosse exceed 1.5m, il y a plus de risque d'effondrement. Selon la profondeur, certaines fosses peuvent durer jusqu'à 20 ans sans être vidées.
Si la fosse doit être réutilisée, elle devrait être maçonnée. Les matériaux de renforcement ou de stabilisation de la fosse peuvent être des briques, du bois de construction résistant, du béton, des pierres, ou du mortier plâtré sur les parois. Si le sol est stable (c.-à-d. aucune présence des gisements de sable ou de gravier ou de matériaux organiques), la fosse n'a pas besoin d'être entièrement renforcée. Le fond de la fosse ne doit pas être renforcé pour permettre l'infiltration des liquides hors de la fosse. Comme les effluents liquides passent de la fosse à la matrice non saturée de sol, les organismes fécaux sont éliminés. Le degré d’élimination des organismes fécaux varie avec le type de sol, la distance à parcourir, l’humidité et d'autres facteurs environnementaux, et ainsi, il est difficile d'estimer la distance nécessaire entre une fosse et une source d'eau. Une distance de 30m entre la fosse et une source d'eau est recommandée pour limiter l'exposition à la contamination chimique et biologique.
Quand il est impossible ou difficile de creuser une fosse profonde, la profondeur de la fosse peut être prolongée en construisant la fosse hors sol en utilisant des anneaux ou des blocs de béton. Cette adaptation est désignée parfois sous le nom de fosse d’aisance. C'est un compartiment surélevé peu profond avec un fond ouvert pour tenir compte de la collecte des boues de vidange et de la lixiviation de l'effluent. Cette conception est cependant encline à une vidange incomplète puisqu'il peut être plus facile de casser ou enlever les anneaux de béton et permettre aux boues de couler en dehors, plutôt que de vidanger et évacuer correctement. Une autre variante est la fosse peu profonde non maçonnée qui peut être appropriée pour des zones difficiles à creuser. Quand la fosse peu profonde est pleine, elle peut être couverte de feuilles et de sol et un petit arbre planté dessus. Ce concept appelé Arborloo est une bonne manière d'éviter des vidanges coûteuses, tout en contenant des excréta, et reboisant une zone. L'Arborloo est discuté plus en détail sur le D1 : fiche d’informations de la technologie Arborloo .
Pour | Contre/limitations |
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- Peut être construite et réparée avec des matériaux locaux. - Ne requiert pas une source permanente d'eau. - Peut être utilisée immédiatement après la construction. - Faible (mais variable) coût d’investissement en function des matériaux. |
- Les mouches et les odeurs sont normalement perceptibles. - Les boues nécessitent un traitement secondaire et/ou une mise en décharge appropriée. |
Adéquation
Les processus de traitement dans la latrine traditionnelle (aérobie, anaérobie, déshydratation, compostage ou autre) sont limités et donc, la réduction des microbes pathogènes et la dégradation organique ne sont pas significatives. Cependant, du fait que les excréta sont stockés, la transmission de microbes pathogènes à l'utilisateur est limitée.
Les latrines traditionnelles sont appropriées pour les zones rurales et périurbaines ; les fosses simples dans des zones urbaines ou denses sont souvent difficiles à vidanger et/ou d’avoir suffisamment d'espace pour l'infiltration. Les latrines traditionnelles sont particulièrement appropriées quand l'eau est rare et là où le niveau de la nappe souterraine est bas. Elles ne sont pas appropriées aux sols rocheux ou compacts (difficiles à creuser) ou pour les zones fréquemment inondées.
Aspects Santé/Acceptation
Une latrine traditionnelle constitue une amélioration par rapport à la défécation en plein air ; cependant, elle pose toujours des risques sanitaires :
- Le lixiviat peut polluer les eaux souterraines ;
- L'eau stagnante dans la fosse peut favoriser la proliferation d'insectes ;
- Les fosses sont susceptibles de s’ébouler/déborder pendant les inondations.
Les latrines traditionnelles devraient être construites à une distance appropriée des maisons pour minimiser les nuisances des mouches et des odeurs pour assurer une convenance et un transport sûr.
Évolution
Une latrine améliorée à fosse ventilée (VIP) est légèrement plus chère mais elle réduit considérablement les nuisances des mouches et des odeurs tout en augmentant le confort et l’usage. Pour plus d'information sur la VIP, se référer à fiche d'informations sur la technologie VIP. Quand deux fosses sont creusées côte-à-côte, une peut être utilisée pendant que le contenu de l’autre fosse se décompose pour une vidange plus sûre. Pour plus d'informations sur les technologies à doubles fosses, se referrer aux fiches d’informations de VIP Double fosse et les [[Latrine à chasse avec double fosse|toilettes à double fosse.
Entretien
Il n’y a aucun entretien quotidien lié à latrine traditionnelle. Cependant, quand la fosse est pleine, elle peut être a) vidangée et réutilisée ou b) la superstructure et les repose-pieds d'accroupissement peuvent être déplacés sur une nouvelle fosse et la fosse remplie couverte et mise hors service.
Reconnaissances
Le materiau sur cette page etait adapté de : Elizabeth Tilley, Lukas Ulrich, Christoph Lüthi, Philippe Reymond and Christian Zurbrügg (2014). Compendium des Systèmes et Technologies d’Assainissement, edition Sandec, the Department of Water and Sanitation in Developing Countries of Eawag, the Swiss Federal Institute of Aquatic Science and Technology, Dübendorf, Switzerland. La publication est en anglais. Version française à venir .
Références
- Brandberg, B. (1997). Latrine Building. A Handbook for Implementation of the Sanplat System. Intermediate Technology Publications, London. (A good summary of common construction problems and how to avoid mistakes.)
- Franceys, R., Pickford, J. and Reed, R. (1992). A guide to the development of on-site sanitation. WHO, Geneva. (For information on accumulation rates, infiltration rates, general construction and example design calculations.)
- Lewis, JW., et al. (1982). The Risk of Groundwater Pollution by on-site Sanitation in Developing Countries. International Reference Centre for Waste Disposal, Dübendorf, Switzerland. (Detailed study regarding the transport and die-off of microorganisms and implications for locating technologies.)
- Morgan, P. (2007). Toilets That Make Compost: Low-cost, sanitary toilets that produce valuable compost for crops in an African context. Stockholm Environment Institute, Sweden. (Describes how to build a support ring/foundation.)
- Pickford, J. (1995). Low Cost Sanitation. A Survey of Practical Experience. Intermediate Technology Publications, London. (Information on how to calculate pit size and technology life.)