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La récupération des eaux de ruissellement des routes contribue aussi à la préservation des sols. Source: UNDP

La collecte des eaux de « ruissellement » sur une route de proximité est une technique créée par Musoyka Muindu à Kyethani dans le district de Mwingi. Depuis sa création en 1993, il n’a cessé de développer ce système. C’est principalement le résultat de son expérience et de l’observation. Il a aussi reçu l’aide et une formation sur la préservation des sols et de l’eau de la part du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Dans un sondage réalisé par Mwarasomba et Mutunga (1995) dans les zones arides et semi-arides du Kenya, cette technologie a été reconnue comme contribuant à une expérience positive.

De par sa proximité avec les routes goudronnées, les visiteurs peuvent facilement accéder à la ferme de Musyoka Muindi. Environ 800 fermiers ont fait le trajet jusqu’à Nzamba Nguu Il les accueille à bras ouvert avec un libre d’or.

Cette initiative est importante puisqu’elle montre que Musyoka a réussi à adapter les techniques de conservation des sols du ministère, telles que les méthodes de terrassement « fanya juu » et « fanya chini », et de les modifier afin de créer un système de récupération des eaux de pluie qui soit viable et adapté aux zones arides. Il n’existe encore aucune directive précise pour ce type de récupération d’eau au Kenya. Ce modèle mérite donc de faire l’objet d’une étude approfondie, qui pourrait motiver les autres fermiers à innover.

Contents

Conditions appropriées

Bénéfices

Muskyoka estime que sa récolte la plus importante, le maïs, a doublé après avoir utilisé le système de récupération des eaux de ruissellement. Cela est dû principalement à l’augmentation du taux d’humidité. L’augmentation des revenus de la ferme est un des avantages associés à l’utilisation de ce système. On estime que la perte de sol diminue également de moitié environ, et que d’autres avantages peuvent être observés, tels qu’une production de fourrages plus élevée.

Attention

L’utilisation de la route doit être étudiée afin d’éviter le déversement de polluants dans l’eau de pluie. L’eau issue du captage sur les routes ne doit pas être utilisée pour la consommation si elle provient de « murram » ou de chemins de terres où sont présents des excréments ou d’autres polluants ; ou si l’eau provient de routes goudronnées et contient donc du goudron qui est une substance nocive pour la santé.

Construction, fonctionnement et entretien

Cette carte illustre les endroits où les canaux sortent de la route. Cliquer sur l’image pour zoomer. Illustration : UNDP

Cette technologie est catégorisée par WOCAT (l’étude mondiale des approches et des technologies de conservation) en tant que mesure conjuguant les aspects structurel et végétal. Les murets et les tuyaux sont maintenus en place par une graminée/une pelouse vivace afin de maintenir un taux d’humidité élevé dans les sols pour une meilleure production, mais également d’avoir un impact sur la récupération de l’eau. Cette méthode permet de réduire la dégradation des terres et l’érosion des sols par l’eau.

Les eaux de ruissellement sont acheminées de la route jusqu’à la ferme dans un canal souterrain d’environ 300 mètres de long qui coupe à travers la ferme voisine. Il y a également d’autres canaux qui apportent de l’eau de ruissellement des collines. La taille de la zone de récupération est estimée à (au moins) 10 hectares. Cela permet d’irriguer une culture d’environ 5 hectares. Le canal principal utilise la structure originelle fanya chini (un canal en pente) et lorsque l’eau atteint le bout de celui-ci, elle est redirigée dans le sens opposé dans une structure similaire. En d’autres termes, l’eau est acheminée en zig-zag à travers la ferme. Le fermier a ajouté des barrages dans certains canaux afin de gérer la direction du courant.

La principale structure utilisée dans l’acheminement de l’eau dans les champs est celle du fanya chini, c’est parfois celle du fanya juu qui est utilisée (avec un remblaiement au-dessus du canal). Dans tous les cas, cette digue est créée à partir de la terre extraite lorsque le canal est creusé. Les dimensions du canal sont d’environ un mètre de profondeur et entre un et deux mètres de largeur ; les digues font un mètre et demi de hauteur et sont espacées de dix-huit mètres entre elles. Ces dimensions sont bien supérieures à celles recommandées par Thomas (1997) pour la conception de fanya chini et fanya juu. Ces structures sont légèrement en pente (réalisées à l’œil) afin de permettre l’écoulement de l’eau. L’inclinaison du champ est de 3° en moyenne. L’intervalle vertical approximatif entre les structures est donc de 0,9m. Les digues sont stabilisées par de l’herbe ou des cultures vivaces telles que les bananes ou le sucre de canne.

Entretien

Pour entretenir cette structure, il faut retirer les sédiments de manière fréquente, conserver le volume des canaux, réparer les canaux et les digues endommagés ainsi que replanter l’herbe ou les arbres fruitiers desséchés le long des digues lorsque nécessaire.

Coûts

Il faut considérer qu’un travail manuel d’environ 100 jours par hectare est nécessaire pour la construction de l’infrastructure, c’est-à-dire les murets et les canaux. Les autres coûts (équipement, plants, etc.) sont minimes. Le coût de l’entretien annuel nécessaire est estimé à 10 personnes/jour/hectare. Ces frais sont moins importants lorsque l’année est sèche, mais peuvent être bien plus élevés lorsque le ruissellement important des pluies torrentielles endommage le système. Bien que ce système ne requière en effet qu’un apport extérieur faible, cette technologie reste assez onéreuse et demande beaucoup de travail. Cependant, ces dépenses sont récupérées rapidement car ce système augmente le rendement. Lorsque l’on compare les bénéfices aux investissements, le résultat est dit « positif » à court-terme et « très positif » à long-terme.

Expériences sur le terrain

Ce système de récupération des eaux de ruissellement a été inventé par un fermier. Source : UNDP

Improvements

Ce système pourrait être amélioré en aidant les fermiers qui l’adoptent à le concevoir et à l’aménager. Ces systèmes de récupération des eaux peuvent être très efficaces mais s’ils ne sont pas bien conçus ou gérés, alors l’entretien sera beaucoup plus important et le risque d’érosion sera bien plus élevé. Selon les collecteurs de données WOCAT qui ont rendu visite à Musyoka, son système pourrait être amélioré en réduisant la profondeur des canaux afin de permettre des débordements d’eau directement dans les champs au lieu d’en perdre une partie à cause des infiltrations dans le sol. En terme de recherche, valider ce système et le décrire de manière détaillée est crucial puisque la récupération d’eau est extrêmement importante dans les régions arides du Kenya. Et c’est un système qui fonctionne.

Adoption de cette technologie par d’autres fermiers

Le fermier fondateur a conçu ce système pour deux voisins. En effet, le canal principal provenant de la route passe par la ferme de l’un d’entre eux, avec lequel il travaille en coopération. Selon les rapports, le nombre de fermiers ayant adopté le système s’élève à environ 40. Ils récupèrent tous l’eau de ruissellement des sentiers ou des versants des collines dans les environs. Cependant, nombre d’entre eux n’ont pas réussi à diriger l’eau à travers leur ferme de manière aussi efficace que Musyoka.

Manuels, vidéos et liens

Le projet de recherche « Optimizing Road Development for Groundwater Recharge and Retention » étudie la manière dont les programmes de développement rapide des routes en Afrique sub-saharienne peuvent devenir plus « inclusif » en sécurisant les nappes phréatiques des populations pauvres, et en les améliorant quand cela est possible. Les routes ont un impact important sur l’hydrologie et les réserves d’eau souterraine mais ce sujet ne fait cependant l’objet que de peu de recherches. L’objectif de ce projet est d’optimiser la planification et la conception des routes dans les zones rurales pour valoriser la réalimentation et la conservation des nappes phréatiques, et donc de contribuer à un accès équitable et sécurisé aux eaux souterraines peu profondes. Cela devrait permettre de mieux protéger et gérer les ressources en eau en prenant en considération le climat variable (et les changements qui en découlent). Ainsi, cela pourrait conduire à une réduction de la pauvreté et à un développement socio-économique. Les nappes phréatiques sont importantes pour l’agriculture et l’irrigation, mais aussi pour l’approvisionnement en eau potable.

Remerciements

  • Kithinji Mutunga and Will Critchley, FARMERS’ INITIATIVES IN LAND HUSBANDRY Promising technologies for the drier areas of East Africa.] UNDP – Office to Combat Desertification and Drought (UNSO/ESDG/BDP) and Sida’s Regional Land Management Unit, 2001.
  • Water Storage. Infonet-Biovision.org.